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1694

Création de la Banque d’Angleterre

Au cours du 17e siècle, l’Angleterre, et plus particulièrement Londres, connaît une période de forte expansion commerciale en grande partie liée aux exportations des produits anglais vers le continent européen. Ce développement commercial a favorisé l’essor du crédit, une activité de banque qui était alors assurée par les orfèvres à partir des valeurs gardées dans leurs coffres. Mais ces orfèvres-banquiers n’avaient pas bonne réputation. Aussi, lorsque les finances publiques se dégradent fortement avec l’arrivée sur le trône de Guillaume III en 1688 et la guerre qui s’en suit avec la France, le nouveau pouvoir cherche à les contourner, et ce d’autant plus qu’ils ne lui étaient pas favorables.

L’idée est alors de lancer un grand emprunt public. Mais dans le même temps, de nombreux projets visaient à créer une banque nationale qui puisse assurer la circulation d’une monnaie de confiance et favoriser l’expansion du crédit, sur le modèle de la Wisselbank d’Amsterdam fondée en 1609.

C’est finalement l’idée d’un financier écossais, William Paterson, d’associer la création d’une banque nationale et le lancement d’un grand emprunt public qui sera retenue.

Il propose de lever 1,2 million de Livres dans le public. En contrepartie, les souscripteurs recevront le droit d'exercer une activité bancaire sous la forme d'une société anonyme à laquelle la souscription servirait de capital. Le «Tonnage Act » voté par le Parlement en avril 1694, autorise donc la création de « The Governor and Company of the Bank of England » ainsi que l’instauration de nouvelles taxes permettant d’assurer le service de cette nouvelle dette.

C’est ainsi que naquit la Banque d’Angleterre qui était alors autant la banque de l’État qu’une banque privée dirigée par des administrateurs indépendants du pouvoir et ayant reçu le droit, en vertu de la charte royale du 27 juillet 1694, d’effectuer l’escompte des effets de commerce et des effets publics et d’émettre des billets convertibles en espèces métalliques.
Si la Banque d’Angleterre reste concurrencée dans ses premières années d’existence par les orfèvres et les autres banques, ses liens privilégiés avec le gouvernement, l’importance de ses activités de banque privée et sa position centrale au cœur même du système financier londonien en font rapidement la banque commerciale dominante de son époque. Au cours du 18e siècle, au gré des crises économiques et financières, la Banque d’Angleterre est parfois amenée à jouer le rôle de «banque des banques », en accordant des prêts aux banques commerciales en manque de liquidités afin de restaurer la confiance.

Il faut toutefois attendre le milieu du 19e siècle et le « Bank Charter Act » de 1844 pour voir son rôle de banquier central s’affirmer véritablement avec l’attribution du monopole d’émission des billets sur tout le territoire. À partir de cette date, et face à l’émergence de grandes banques de dépôts, la Banque d’Angleterre choisit de restreindre ses activités commerciales au profit de celles d’une banque centrale gardienne des réserves d’or du pays, prêteur en dernier ressort et décideur du niveau approprié des taux d’intérêt à court terme.

Pour l’historien Fernand Braudel, la création de la Banque d’Angleterre marque le début de la Révolution financière britannique et annonce la Révolution industrielle.



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