Easy V est une startup sociale qui accompagne les grandes entreprises dans le développement des compétences comportementales et transversales « soft skills » c’est-à-dire des compétences humaines par l’immersion auprès de structures de l’ESS –Economie Sociale et Solidaire. Leur conviction est que l’engagement solidaire (mécénat, bénévolat...) permet aussi aux collaborateurs de mettre en pratique leurs « softskills » et ainsi d’en prendre conscience et de les faire progresser. Apprenons-en plus avec Helene Chautard, directrice générale et co-fondatrice d’Eavy V.

Quel est le principe d’Easy V ? 

Easy V, c’est le développement des « soft skills » grâce à une pédagogie d’immersion innovante, auprès de structures de l’ESS, et de valorisation des compétences développées au sein de l’entreprise. 

Notre valeur ajoutée est de donner des clés d’amélioration pratiques pour développer ses compétences comportementales, en prenant des exemples concrets vécus par les collaborateurs lors de leur engagement. L’objectif est que chaque collaborateur puisse prendre conscience de ses compétences au sein d’un collectif et qu’il puisse les transposer et progresser au quotidien.

Nos prestations s’adressent aux grandes entreprises qui souhaitent développer le potentiel de leurs équipes de manière concrète, tout en ayant un impact positif sur leur territoire. Plus particulièrement, nous travaillons avec les directions générales, les directions RSE –Responsabilité Sociale d’Entreprise et RH, ainsi que l’Innovation Sociétale, et les Fondations.

Quelle est l’origine de votre projet ? 

Notre projet est issu de la volonté d’engager « chacun » dans des actions solidaires et de valoriser l’engagement. Ceci reste le coeur de nos valeurs, tant au niveau du bénévole citoyen que de l’engagement des collaborateurs. Nous opérons une plateforme depuis 2 ans pour proposer des missions simples d’engagement ponctuel (maraudes, services de repas dans des foyers de personnes démunies, tri sélectif de bouchons, etc) au sein d’associations.

En proposant nos services aux entreprises, nous avons fait le constat que les entreprises avaient des attentes pour objectiver l’engagement, et qu’il n’existait pas de méthodologie permettant d’identifier, et d’en valoriser les acquis.

Les entreprises sont de plus en plus incitées à s’investir sur les volets sociaux et environnementaux, comme le montre la loi Pacte récemment adoptée qui leur permet de se désigner comme « entreprise à mission » dans le cadre de leurs activités. D’ici 2030, l’automatisation et l’intelligence artificielle imposeront des transformations substantielles se traduisant en repositionnement des postes de travail ou d’acquisition de nouvelles compétences[1].

Par ailleurs, 45% des entreprises considèrent les « soft skills » comme un critère déterminant qui les aide à faire évoluer leurs collaborateurs mais elles restent peu valorisées[2]. Nous répondons donc aux initiatives de responsabilité citoyenne des entreprises, alliées au développement de compétences humaines et transversales essentielles pour appréhender le monde du travail du futur.

Comment avez-vous développé Easy V ? 

Nous avons choisi dès le départ de postuler à des programmes d’accompagnement entrepreneuriaux. L’écosystème ESS dans lequel nous sommes entrées nous suit encore aujourd’hui avec des personnes avec qui nous avons créé des liens et des réseaux durables. Nous sommes actuellement incubées au Comptoir ’93 du Groupe SOS Pulse et avons été accompagnées par MakeSense pendant 6 mois. Nous sommes donc fortement imprégnées des méthodes liées à l’entrepreneuriat social et au monde de la start-up, dans un souci constant d’expérimentation de notre offre et en recherche d’innovation.

Pouvez-vous nous en dire plus sur vos valeurs et objectifs ?

L’ESS est un vaste éco-système, qui part des objectifs de développement durable des Nations Unies, jusqu’aux plus petits projets à impact local, voire même individuels. Nous avons conduit des ateliers auprès de publics divers (collaborateurs de grandes entreprises, mais aussi personnes en recherche d’emploi ou en reconversion, jeunes en service civique ou issus de quartiers prioritaires, etc). C’est cette diversité d’opportunités qui nous anime chaque jour à rechercher des solutions et des partenaires innovants, en assurant un impact positif.

En tant que Lauréate du Concours « Talents 2024 » organisé par la Ville de Paris, Easy V souhaite contribuer à la réussite des premiers « Jeux Inclusifs et Solidaires » en réunissant les acteurs de l’ESS et du monde économique.

Que vous inspire l’engagement solidaire de nos jours ?

Dans un contexte de baisse générale des subventions publiques pour les associations, l’engagement solidaire est devenu un facteur déterminant pour mener à bien leurs missions sociales. La recherche de bénévoles est un enjeu majeur pour ces associations qui ont besoin de ressources humaines autant que financières. Dans le même temps, de plus en plus de personnes sont prêtes à s’engager, et les études comme celle de Ticket for Change sur le « gâchis de talent » montrent que les gens sont volontaires, mais ne trouvent pas forcément facilement les opportunités qui leurs correspondent.

Les motivations sont diverses pour les personnes que nous avons engagées, certaines citent « le partage » et « l’envie d’aider » ou « rencontrer de nouvelles personnes », tandis que d’autres, dans des situations de recherche d’emploi ou de reconversion professionnelle par exemple disent s’engager pour « développer des compétences » qu’elles veulent mettre en avant.

Avez-vous rencontré des difficultés diverses et qu’en avez-vous tiré ?

Dans un secteur aussi concurrentiel que le développement des compétences, la première difficulté a été de se différencier et de clarifier notre valeur ajoutée aux entreprises. C’est aussi ce qui nous pousse à être innovant et à sans cesse chercher à nous renouveler. D’autre part, le sujet de l’engagement solidaire est un sujet qui implique plusieurs d’acteurs (DG, fondations, RH, RSE) ce qui nécessite de naviguer au sein des entreprises et de convaincre plusieurs interlocuteurs avec des intérêts communs pour l’entreprise, mais des objectifs parfois divergents.

Quels sont vos projets et perspectives futures ?

Nous développons une pédagogie innovante de développement des « soft skills » par des parcours d’engagement. Notre objectif dans les mois à venir est de proposer un dispositif de formation aux entreprises pour le développement des compétences transversales de leurs collaborateurs par l’immersion.

D’autre part, nous voulons aller plus loin, et que ces dispositifs s’inscrivent dans le cadre de la mobilité et de la gestion des talents en entreprise. Nous nous appuyons notamment sur la technologie « Open Badges » (badges numériques) pour mettre en place ce système au sein des entreprises.

Avez-vous des chiffres à nous communiquer ?

En deux ans, nous avons proposé plus de 400 missions de bénévolat citoyen à caractère social ou environnemental au sein d’associations ce qui représente plus de 100.000 repas servis grâce au dévouement des associations impliquées, de nombreux bouchons triés et des tonnes de denrées collectées, triées ainsi que des kilomètres arpentés en maraude...

Nous avons permis à une trentaine de personnes en reconversion/ recherche d’emploi d’identifier les « soft skills » qui pourront être mises en valeur dans leurs entretiens d’embauche et à une vingtaine de jeunes en service civique de se pencher sur leur expérience d’engagement avant de défiler sur les Champs Elysées au 14 juillet. Une cinquantaine de jeunes en CFA suivent nos ateliers de solidarité.

Une cohorte de mentors s’est engagée auprès de 20 jeunes de QPV sur l’orientation scolaire et notre programme d’entreprenariat social est suivi avec succès auprès d’une nouvelle cohorte. Mais surtout, nous avons « pitché » notre projet plus d’une trentaine de fois devant des jurys, des managers, des mentors, des vidéos YouTube, sur des Forums et le Salon Vivatech… et devant le miroir de la salle de bain ! En fait, nous ne comptons plus.

 


[1] Source: “Jobs lost, Jobs gained”, McKinsey Global Institute, 2017

[2] Conseil en orientation pour l’Emploi, 201


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Publié le 04 décembre 2019. Mis à jour le 12 décembre 2019