Qu’est-ce que c’est le protectionnisme ? Quels sont ses avantages ? Ses désavantages ? En quoi ça consiste ? Toutes les réponses à ces questions sont dans cet épisode de "T’as Capté" !

 

 

Définition et enjeux

Le protectionnisme consiste à établir des barrières tarifaires ou non-tarifaires à l’encontre des biens ou services étrangers importés afin de protéger la production nationale de la concurrence étrangère. Il s’oppose au libre-échange, qui consiste à favoriser le développement des échanges de biens et de services entre les pays en réduisant au maximum les obstacles aux importations.

Le principal argument mis en avant en faveur du protectionnisme est l’idée du protectionnisme éducateur de Friedlich List : en partant de l’exemple de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne au XIXe siècle, il observe que tous les pays ne partent pas égaux dans la course au développement. Les pays qui démarrent plus tard ont l’obligation de protéger de la concurrence leurs « industries naissantes », le temps qu’elles soient suffisamment préparées à affronter la concurrence internationale.

Le recours au protectionnisme peut aussi se justifier lorsque l’intérêt du pays implique la protection de certains secteurs d’activité « stratégiques » (l’agriculture pour assurer l’indépendance alimentaire, l’armement pour la défense, la production culturelle…).

Les différents types de protectionnisme

On distingue trois types de protectionnisme :

  • Le protectionnisme tarifaire consiste, via des taxes à l’importation, à renchérir les prix des produits étrangers de façon à les rendre moins compétitifs par rapport aux productions nationales.
  • Le protectionnisme non tarifaire vise à limiter la quantité de produits importés (volumes) grâce à des quotas d’importation ou à des normes sanitaires ou techniques que tous les produits, locaux comme importés, doivent respecter.
  • Le protectionnisme déguisé qui peut prendre différentes formes :
    • Les subventions et les avantages fiscaux accordés aux entreprises nationales permettent de vendre moins cher leurs produits à l’étranger
    • L’accès aux marchés publics peut également constituer une forme de protectionnisme non tarifaire si la priorité aux produits nationaux est systématiquement accordée lors des commandes publiques
    • La dépréciation du taux de change qui permet à un pays de favoriser ses exportations en les rendant moins chères libellées en monnaies étrangères. C’est le cas de la Chine dont la monnaie est sous-évaluée par rapport aux richesses qu’elle crée.

Les inconvénients du protectionnisme

On peut recenser plusieurs effets pervers au protectionnisme :

  • En raison de mesures de rétorsion adoptées par les autres pays, ces mesures privent les entreprises nationales de leurs débouchés extérieurs, freinant leur activité.
  • Il augmente le cout des produits consommés sur le sol national en raison des taxes appliquées aux importations et en raison de la limitation de la concurrence subie par les producteurs nationaux. Il a donc un effet négatif sur le pouvoir d’achat des ménages.
  • Du fait de moindres pressions concurrentielles, il freine les efforts de modernisation, de rationalisation des procédés de production et de diffusion du progrès technique dans l’économie nationale. Cela nuit aux consommateurs nationaux car la qualité des produits se détériore et le prix augmente sur le long terme.

Le protectionnisme aujourd’hui

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale et la signature du GATT (Accord général sur le commerce et les tarifs douaniers) puis la création de l’OMC en 1995, les tarifs douaniers ont beaucoup diminué et le libre-échange s’est répandu dans le monde entier.

Cependant, le protectionnisme n’a pas complétement disparu : d’une part, les barrières non tarifaires existent toujours. Par exemple dans l’Union européenne au profit des secteurs jugés stratégiques comme l’agriculture ou l’énergie. Elles peuvent aussi avoir comme but la protection des consommateurs, notamment dans le domaine de la santé.

Certains grands pays prennent aujourd’hui des mesures ouvertement protectionnistes comme les Etats-Unis (Inflation Reduction Act, Chips Act votés en 2022) et même l’Europe avec la taxe carbone aux frontières adoptée en 2023.

Par ailleurs, les unions régionales, comme l’UE, le Mercosur, ou l’Alena, favorisent à la fois le libre-échange à l’intérieur de la zone et le protectionnisme envers les pays situés en dehors de la zone.

 


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Publié le 28 Novembre 2023. Mis à jour le 22 Janvier 2024